Retraite: devrions-nous dire «bye-bye, boss» plus tard... même à 69 ans?
Publié pour le Journal de Montréal - mai 2025 - On peut lire le texte ici
Ils seront de plus en plus nombreux à devoir repousser jusqu’à 69 ans la date où ils diront «bye-bye boss».
C’est ce qu’illustre une étude récente de la firme Mercer. Les travailleurs à faible revenu, qui doivent assumer des responsabilités financières immédiates, sont particulièrement à risque.
Mercer mentionne qu’une personne gagnant annuellement 50 000$ et qui n’épargne rien avant l’âge de 45 ans ne pourra pas prendre sa retraite avant 69 ans. Or, l’espérance de vie s’allonge sans cesse alors que de nombreux Québécois se retrouvent à 55-60 ans avec une hypothèque, des dettes de consommation ou une épargne insuffisante. Dilemme.
«Le premier conseil que je donne, c’est de demander à votre médecin jusqu’à quel âge vous allez vivre. Le deuxième, c’est de consulter un conseiller ou un planificateur financier juste après», déclare Michel Beaulieu, conseiller budgétaire à l’ACEF Montérégie-Est.
Ce dernier considère qu’une personne en bonne santé devrait repousser la retraite pour accumuler davantage, quitte à travailler à temps partiel.
«Les gens qui dépensent beaucoup durant leur vie active vont difficilement maintenir leur style de vie à la retraite, commente Dany Provost, directeur optimisation fiscale, chez SFL Expertise. Plus tu consommes, plus tu te tires dans le pied. Chaque dollar dilapidé te fera mal après 65 ans. Car chaque dollar consacré à l’épargne te rapportera entre 5¢ et 10¢ de revenus pour le reste de ta vie... »
Vérifier vos dépenses
Plus on vieillit, plus on doit ajuster son niveau de vie pour éliminer les dettes et engraisser son trésor de guerre.
«Quand les gens entendent parler de budget, ils pensent coupures. Moi, je réponds qu’ils doivent faire des choix basés sur un projet, un objectif, pour entretenir une certaine motivation», commente Michel Beaulieu.
Il suggère d’analyser les dépenses quotidiennes pendant deux mois. «Le café et le beigne chez Tim Hortons, ça représente une fortune à la fin de l’année. Je suggère de fixer un objectif d’épargne, d’instaurer un virement automatique à chaque paie et de vivre avec l’argent qui reste. S’il n’y a pas assez de fric pour Tim, ben tu t’en passes.»
M. Beaulieu recommande de canaliser son épargne vers les fonds de travailleurs (Fondaction ou Fonds de Solidarité FTQ) et vers un compte CELI ou REER s’il reste des sous. «Plus les gens se rapprochent de leur objectif, plus leur motivation augmente», constate-t-il.
Diminuer son train de vie est difficile, reconnaît Dany Provost: «La pression sociale est grande; c’est dur d’endurer une vieille bagnole ou de se débrancher de Facebook et Instagram. On doit trouver le point d’équilibre entre un train de vie satisfaisant et les nécessaires privations. La plupart des gens sont toutefois surpris d’y arriver sans souffrir.»
CONSEILS
Une bonne planification de retraite permettra de connaître sa marge de manœuvre à la retraite et l’épargne conséquente.
Repousser la pension de la Sécurité de la vieillesse à 70 ans l’augmentera de 42% ( exemples de Services Canada); repousser la rente de la RRQ à 72 ans la bonifiera de 58,8% ( tableau de la RRQ).
Plusieurs devraient demander le Supplément de revenu garanti entre 65 et 72 ans. Une personne seule peut obtenir jusqu’à 1086,88$ par mois; pour un couple, on parle de près de 15 000$ annuellement.