Les femmes en couple sont perdantes financièrement

Publié pour le Journal de Montréal - 2 août 2025 - On peut lire le texte ici

Dès qu’elles forment un couple, la majorité des femmes sont perdantes financièrement. Voici pourquoi.

Après plus d’un demi-siècle de révolution féministe, les inégalités de revenus entre femmes et hommes se sont amoindries. Mais les vieux réflexes affectent lourdement les finances des femmes.

Lorsqu’on s’attarde aux tâches domestiques (non rémunérées, précisons-le), 68% des femmes consacrent du temps quotidiennement à la cuisine et au ménage, contre 43% des hommes, selon l’Observatoire des inégalités. Et 31% des femmes, comparativement à 23% des hommes, s’occupent d’un enfant ou d’un proche qui dépend d’elles.

D’autre part, les femmes font 61% de la lessive et préparent 56% des repas, selon Statistique Canada. C’est autant de temps de moins consacré au travail rémunéré.

Mais ce qui fait le plus mal aux finances des femmes, c’est quand elles deviennent mamans.

SOINS DES ENFANTS

«C’est pratiquement toujours la femme qui se sacrifie lorsqu’un enfant tombe malade et qu’il faut aller le chercher à l’école ou à la garderie, constate Hélène Belleau, professeure à l’INRS et titulaire de la Chaire argent, inégalités et société – Chambre de la sécurité financière. Ce choix s’impose, car elle gagne souvent moins que son conjoint. Mais est-ce justifié?»

D’autre part, les congés de parentalité sont souvent plus longs pour les femmes. Dans une recherche récente effectuée par la professeure, ces congés représentent un obstacle à l’épargne deux fois plus souvent pour les femmes que pour les hommes chez les 25-35 ans.

«Or, une somme de 5000$ se traduira par un trésor de guerre de 40 000$ dans 35 ans, ajoute-t-elle. Les gens ne réfléchissent pas à l’impact du rendement sur le long terme.»

MOINS D’ARGENT

En fait, la richesse accumulée des Québécois est de 1,4 à 2,4 fois plus élevée que celle des Québécoises, révélait une étude de Maude Pugliese, professeure à l’INRS, l’an dernier. Cette dernière a aussi démontré que s’ils sont célibataires (jamais marié, pas d’enfant), l’écart de richesse est pratiquement inexistant entre femmes et hommes.

«Les femmes ont 30% moins de revenus à la retraite que les hommes, signale Mme Belleau. Comme elles gagnent moins, elles épargnent moins.»

Quelle est la solution? «Que l’épargne soit considérée comme une dépense commune, assumée au prorata des revenus, tranche-t-elle. La personne qui gagne davantage, habituellement l’homme, doit ainsi contribuer à son REER et à celui de sa conjointe.»

Cette solution s’impose particulièrement lorsque le couple élève des enfants en âge préscolaire, même dès la première grossesse.

«Si les femmes réalisaient l’impact des différences de revenus sur leurs finances personnelles à long terme, elles réclameraient un changement d’attitude au sein de leur couple. Notamment que les papas s’absentent davantage pour s’occuper de leurs enfants quand ils sont malades», conclut Hélène Belleau.

CONSEILS:

  • Les couples devraient planifier leur épargne en commun et redistribuer la richesse entre eux, même si certains ont l’impression que c’est égoïste d’en discuter. Un couple est solidaire en amour, mais aussi en argent.

  • Gérer une épargne commune mousse le rendement par effet de levier.

  • On doit faire une liste des actifs de chacun acquis avant la vie commune et la transmettre au notaire. On fait aussi son testament dès l’arrivée d’un premier enfant.

Suivant
Suivant

Repousser sa retraite, c’est payant