Le contrat d’union libre est-il vraiment avantageux?

Publié pour le Journal de Montréal - 11 octobre 2025 - On peut lire le texte ici

L’union libre offre beaucoup de liberté, mais aussi son lot d’incertitude. Pourtant, très peu de couples signent un contrat de vie commune. Est-il aussi avantageux qu’on le dit?

Le Québec est la capitale mondiale de l’union libre. La formule est plus populaire ici (43% des couples) qu’en Suède (33%) ou en Norvège (31%), et fait remonter la moyenne canadienne (23%).

La formule est en explosion chez les couples canadiens (+447% de 1981 à 2021), surtout chez les moins de 25 ans (8 personnes sur 10), selon Statistique Canada.

Paradoxalement, personne ne songe à protéger ses arrières lorsqu’on décide de vivre avec sa nouvelle flamme.

«L’union libre, c’est synonyme de liberté», lance Jacinthe Faucher, planificatrice financière, notaire et fiscaliste. «Les gens n’aiment pas le mot “contrat” dans l’expression “contrat de vie commune”, qui sonne “contrat de mariage”. Ainsi, peu de couples en union libre signent un contrat de vie commune.»

C’est bien connu, le rapport amoureux empêche les gens d’aborder les questions d’argent: «Ceux qui commencent une relation ne veulent tout simplement pas anticiper une rupture», explique Hélène Belleau, professeure titulaire à l’Institut national de recherche scientifique (INRS). «Ils ne veulent pas se sentir dans une relation marchande. Et, surtout, espèrent que leur union va durer toujours.»

Ses recherches ont démontré que ceux qui s’opposent davantage à toute forme de contrat sont... les hommes ayant un revenu élevé.

Pourtant, si un mariage sur deux finit par un divorce, le taux de séparation serait supérieur pour les couples en union libre, soupçonnent les experts, sans toutefois avancer de chiffres.

Se protéger

Certains prennent le taureau par les cornes et rédigent eux-mêmes un contrat de vie commune, en se basant sur des exemples en ligne.

«On ne règle pas une situation complexe avec un document rédigé sur un coin de table, tranche Jacinthe Faucher. Il doit être étoffé selon les réalités du couple: entreprise, enfants, actifs, épargne, revenus, assurances, etc.»

D’autant plus que le contrat de vie commune offre une certaine flexibilité, dont on ne dispose pas avec un contrat de mariage, ajoute-t-elle. Par exemple, en cas de séparation, un des conjoints peut rouler ses REER à son ex, qui s’est occupé des enfants, et bénéficier au passage d’un avantage fiscal.

Jacinthe Faucher insiste: il est important de se protéger quand ça va bien. Même si ce type de contrat est parfois contesté en cour? «Un contrat signé devant notaire sera plus solide», répond-elle.

CONSEILS

On signe un contrat de vie commune (qui contient idéalement une liste d’actifs et de biens importants) dès qu’on emménage ensemble, ou s’il survient un événement majeur (héritage, grossesse, achat d’une maison, un des conjoints finance davantage cet achat ou voit ses revenus augmenter substantiellement).

Aussi bien se doter de testaments et de mandats, ce qui permet de négocier un forfait avec le notaire.

Le nouveau Régime d’union parentale prévoit une protection en cas de séparation pour les parents en union de fait. Les conjoints peuvent renoncer au partage des actifs, mais ils doivent le faire par écrit, ce qui force une réflexion sur les conséquences.

De l’information de la Chambre des notaires sur l’union de fait.

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