Que faire pour éviter la fraude bancaire
Publié pour le Journal de Montréal - 6 juin 2025 - On peut lire le texte ici
Un représentant de votre institution financière ou de votre carte de crédit vous appelle pour vous signaler une fraude. Comment réagir?
Depuis quelques jours, Le Journal fait état des mésaventures de dizaines de clients de la Banque Royale, victimes d’une fraude de plusieurs millions.
Un représentant de votre institution financière ou de votre carte de crédit vous appelle pour vous signaler une fraude. Comment réagir?
L’approche des fraudeurs est connue: un faux représentant du service de sécurité de la banque vous contacte, souvent au téléphone, pour signaler une fraude possible visant votre compte. Dès que vous demandez au faux représentant quoi faire, le poisson est ferré. La fraude est en marche.
Comment éviter de se retrouver dans cette position?
C’est assez contre-intuitif. Il faut tout simplement raccrocher le téléphone. Ou jeter le courriel/texto. Même si notre cerveau veut tout de suite régler le problème.
Des fraudeurs très habiles
Les fraudeurs pratiquent ce qu’on appelle de «l’ingénierie sociale». Ils sont très habiles à jouer avec notre système nerveux. Ils connaissent nos faiblesses. Le meilleur moyen de ne pas tomber dans le panneau, c’est de raccrocher, même si l’autre personne insiste.
«Une bonne façon de réagir, c’est de demander le nom et le numéro d’employé de votre interlocuteur, et de lui dire que vous allez rappeler la banque. S’il insiste pour continuer la conversation, ça cloche», explique Maxime M. Boutin, cofondateur de VARS, la division de cybersécurité de RCGT.
Surtout s’ils soulignent que c’est urgent. RACCROCHEZ. Même au nez. N’ayez pas peur, car les fraudeurs savent que vous êtes poli. Pour eux, c’est toujours urgent: ils jouent ainsi avec vos émotions. Dites que votre sauce va coller et raccrochez...
Si vous avez réellement été fraudé, c’est bête à dire, mais il n’y a pas de presse.
«La stratégie des fraudeurs, c’est de créer un sentiment d’urgence pour vous empêcher de réfléchir de manière rationnelle. Ils vous annoncent une nouvelle grave et vous donnent la solution. Au contraire, on doit éviter de réagir impulsivement. Il faut raccrocher sur le champ, maintenir une attitude de confiance zéro.»
Il est préférable d’attendre 5 minutes que de se faire voler 10 000$.
L’étape suivante, c’est de dénicher le numéro 800 de l’institution financière sur le site web de la banque. Utilisez Google ou Bing, surtout pas le numéro donné par le représentant, celui inscrit au courriel ou au texto qui signale la fraude. C’est celui du fraudeur.
Pour une carte de crédit, raccrochez et rappelez l’émetteur au numéro 800 indiqué sur la carte. D’autant plus que les clients des cartes de crédit bénéficient d’une protection accordée par la loi. Leur responsabilité est limitée à 50$ en cas de fraude.
Le projet de loi 72, adopté l’an dernier à l’Assemblée nationale, prévoit une telle protection pour les comptes bancaires, les cartes de débit et les virements électroniques. Mais elle n’existe pas encore, car la réglementation issue de la loi se fait attendre.
CONSEILS
Les banques et les émetteurs de carte de crédit contactent parfois leurs clients par téléphone, par courriel ou par textos. Ne répondez pas (même si l’afficheur indique le nom de la banque ou de la carte de crédit), n’utilisez pas le lien ou ne téléchargez pas de pièce jointe contenue dans le message.
Si vous pensez être victime d’une fraude, contactez votre service de police et signalez-la au Centre antifraude du Canada, 1-888-495-8501, ainsi qu’au site québécois Fraude Alerte. Ça en vaut la peine. N’ayez pas honte d’avoir été fraudé: plus il y a de signalements, plus les policiers réagissent.
Quelques conseils du Centre antifraude du Canada, qui a aussi une page web: «Que faire si vous êtes une victime de fraude».